6.26.2006

Journal de bord. Deuxième jour de marche.

Samedi 3 juin 2006 => 17,41 km Nous avons levé le camp ce matin vers 8H30 sous la pluie. Iouri est fatigué, il n'a pas beaucoup dormi. Et oui, ici le soleil se couche très très tard et se lève très très tôt, donc pour ceux qui ont besoin d'une nuit noire pour dormir ce n'est pas le bon plan ! Nous enfilons les pantalons K-Way, les couvres sacs, les coupe-vents et c'est parti pour une nouvelle journée ! Nous rejoignons assez vite le Loch Affric. C'est vraiment magnifique malgré la pluie. De grandes collines à perte de vue, de la verdure partout qui se reflète dans le Loch, wahou... A midi nous sommes déjà arrivés là où nous voulions camper le soir même... Nous sommes un peu en avance, ce n'est pas peu dire ! Il faut prendre une décision importante. Nous repoussons le moment fatidique et nous décidons de manger profitant ainsi d'une petite éclaircie. Le cadre est joli mais il y a beaucoup de vent et c'est vraiment plus qu'humide. Je déguste mon premier Bolino... hachis parmentier, c'est moins dégueulasse que ce je croyais... tant mieux ! Iouri galère un peu pour protéger le réchaud du vent mais il gère bien la situation. Après manger il faut vraiment que nous prenions une décision. Est-ce que nous montons jusqu'au col de Carn'Eige (le sommet est à 1183m) comme nous avions prévu de le faire et ceci malgré le mauvais temps ? Ou est-ce que nous choisissons un itinéraire moins dangereux et moins escarpé? Que faire... Si nous grimpons jusqu'à Carn' Eige, il y a un passage de 200 m où nous n'avons plus de chemin, il faudra couper à travers la broussaille pour en retrouver un autre mais le GPS peut régler ce problème. Seulement le temps est vraiment mauvais, est-ce prudent de monter là-haut? Je crois que tous les deux nous avons peur de le regretter si nous ne tentons pas l'ascension...mieux valent des remords que des regrets...non? C'est OK, nous décidons de le tenter... Mais cela s'avère être une très mauvaise décision. Pendant plus de 3 heures nous marchons le long d'un étroit chemin en subissant un dénivelé très important. Plus nous montons et plus le temps se dégrade. Nous croisons plusieurs plaques de neige, le vent est de plus en plus violent. Le brouillard freine notre visibilité. Je ne prend même plus de photos tellement le temps est défavorable et la fatigue se fait sentir... Arrivés à 1039m je m'écroule, le moral a lâché, je ne peux plus avancer. J'en ai marre de ces putains de chemins qui ne sont même pas des chemins mais plutôt des ruisseaux, marre de cette foutue montagne dont le brouillard nous empêche de voir le sommet, marre de lutter sans cesse contre les rafales de vent pour ne pas tomber, marre de mes jambes qui se dérobent à chaque pierre... Je crois que j'ai atteint mes limites. Nous décidons de faire demi-tour, Iouri en gentleman me prend 4 ou 5 kg de matériel. Nous redescendons progressivement par le même chemin. C'est dur de s'avouer qu'on a échoué et sur le moment je ne suis vraiment pas fière. J'ai du mal à redescendre, je manque de tomber plusieurs fois, je suis trop épuisée physiquement et moralement. Je n'ai qu'une envie c'est m'arrêter et dormir. Nous croisons un cerf en redscendant, c'est assez magique comme instant. Nous arrivons en bas vers 18H (alors que nous avions commencé à marcher vers 13H15). Nous installons le campement à une quinzaine de mètres de là où nous étions le midi même (altitude = 299m)...c'est frustrant, j'ai l'impression d'avoir perdu une journée même si en réalité ce n'est pas le cas. Mort de fatigue, nous décidons de faire l'impasse sur le dîner : ce soir pas de soupe. C'est aussi l'occasion de notre première rencontre avec ce que l'on croyait être des midges... de gros moustiques voraces... Heureusement les moustiquaires de la tente fait barrière et ils ne nous embètent pas trop surtout que nous nous sommes tartinés le visage avec de l'anti-moustique. Il a l'air de froid qu'hier (j'ai eu vraiment froid la nuit dernière) et il ne pleut plus. Etat des troupes : J'ai les pieds endoloris, plein d'ampoules, mes chaussures sont de vraies éponges... J'ai le moral à plat et je suis crevée. Iouri est fatigué et il a le dos en compote...